Les manifestations systémiques des carences en mélatonine

V.M. Anisimov : membre correspondant de l’Académie Russe des Sciences, Doct. Sci. (Med.), Professeur, Chef de l’Unité de carcinogénèse et gérontologie, Institut de Recherches Oncologiques Petrov, Président de la Société de Gérontologie de l’Académie Russe des Sciences, Saint-Pétersbourg

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Mélatonine et Lumière

L’invention de l’électricité et de l’éclairage artificiel il y a cent ans a modifié de manière radicale à la fois les rythmes et la durée de notre exposition à la lumière. L’exposition à l’éclairage artificiel nocturne – que l’on appelle communément « la pollution lumineuse » – a augmenté et est devenu une composante importante de la vie moderne.

Les risques pathologiques

Elle s’accompagne d’une multitude de problèmes de santé et de troubles graves du comportement, notamment de maladies cardio-vasculaires et de cancers. Selon la théorie de la destruction des rythmes circadiens, l’éclairage nocturne perturbe ces rythmes endogènes et bloque la sécrétion de mélatonine pendant la nuit.

Chez des souris de laboratoire soumises à un éclairage constant apparaît un syndrome persistant, l’équivalent physiologique du syndrome climatérique chez les femmes. Parallèlement, on note chez ces souris une baisse de la tolérance au glucose et de la sensibilité à l’insuline. Chez les femelles, un éclairage permanent provoque une élévation du seuil de sensibilité de l’hypothalamus à l’action inhibitrice des œstrogènes. L’exposition continue à la lumière entraîne une augmentation de la peroxydation lipidique dans les tissus des animaux de laboratoire et réduit l’activité antioxydative dans son ensemble. En revanche, un apport en mélatonine réduit la peroxydation lipidique, particulièrement dans le cerveau.

On a noté chez les travailleurs de nuit des troubles du sommeil, des troubles gastro-intestinaux, une fréquence accrue des maladies cardio-vasculaires, des troubles métaboliques et de la tolérance lipidique, voire une augmentation de l’incidence du diabète. Des rapports mentionnent un nombre bien plus élevé de décès liés à des tumeurs malignes chez les ouvriers alternant le travail de jour et de nuit pendant au moins 10 ans, comparé aux travailleurs de jour. Parmi les infirmières qui comptabilisent  plus de 30 ans de travail en alternance jour/nuit, le risque relatif de cancer du sein était plus élevé (1.36) comparé aux infirmières qui ne travaillaient que de jour.

Nos expériences montrent qu’une exposition continue à la lumière entraîne une accélération du vieillissement et un risque accru de pathologies liées à l’âge, y compris le cancer. De nombreuses recherches sur des animaux de laboratoire ont révélé que la mélatonine a la capacité de ralentir le processus de vieillissement et d’augmenter leur durée de vie.

Effets positifs de la mélatonine:

D’autres publications qui génèrent également un certain optimisme concernent la propriété de la mélatonine à augmenter la résistance au stress oxydatif et à réduire les manifestations de certaines maladies liées à l’âge (dystrophie maculaire réticulée, maladie de Parkinson, maladie d’Alzheimer, hypertension, diabète). Certaines études indiquent par ailleurs une augmentation de 27% du taux de survie après traitement (et sans rechute) pour le cancer de l’estomac et de 14% pour le cancer colo-rectal.

Des essais cliniques approfondis sur la mélatonine sont nécessaires. Nous sommes convaincus que de telles recherches aboutiront à une utilisation plus large de la mélatonine pour le traitement et la prévention des affections liées à l’âge et – pourquoi pas – pour le vieillissement prématuré.

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